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Laissez les enfants grimper aux arbres: pourquoi le «risque zéro» nuit aux enfants


Mon garçon de 4 ans est un vrai petit singe. Il adore grimper partout et est très avancé côté motricité. Pas étonnant alors qu'il cherche toujours à trouver des défis à sa hauteur lorsqu'il joue dans les parcs, à la maison et à la garderie. Alors que je connais bien ses capacités, j'entends parfois des remarques de parents et d'adultes inquiets qui avertissent Charles du danger de ses manoeuvres.

Petite annecdote. Nous étions de passage à Kamouraska cet été et avions fait un arrêt à une boulangerie, question de se dégourdir les jambes et de faire le plein de viennoiseries. Charles, qui n'avait pas bougé de son siège depuis presque 3 heures, couru vers un lilas, près du magasin. L'arbre était assez âgé et ses branches, larges et solides, assez basses pour que Charles puissent y grimper sans difficulté. Je le regardais donc jouer sur les deux branches les plus basses, à se balancer au dessus du gazon, à s'asseoir et à sauter par terre en se prenant pour un super-héros qui venait de faire un acrobatie des plus épatantes. Une dame, qui se rendait à la boulangerie, le regarda, et, après m'avoir lancé un regard inquisiteur - avez-vous vu ce que votre garçon fait?! - décida de m'informer que mon garçon ferait mieux de descendre de là car «il y a déjà eu un accident».

Il y a déjà eu un accident. Je regardai Charles qui jouait sur sa branche, perché à moins d'un mètre au dessus du gazon, dans sa bulle, en train de se parler à lui-même et de s'inventer je ne sais quelle histoire... Je me voyais mal lui dire «Charles, ôte-toi de là, il y a déjà eu un accident!». Je crois avoir répondu à la dame quelque chose comme «Ah bon? Et bien Charles est plutôt agile et la branche est très basse, je ne pense pas qu'il y ait de danger». Elle a eu l'air un peu vexée de ma réponse, comme si l'on venait de m'apprendre que mon fils jouait avec un serpent vénimeux et que je décidais de le laisser faire. Si nous devions interdire aux enfants de jouer à tous les endroits et sur tous les modules, jouets ou arbres où il y a déjà eu un accident, on ferait aussi bien de les interdire de sortir de chez eux, tout simplement - et même là, le nombre «d'accidents» qu'ils ont du avoir dans leur maison...!

Il y a quand même une différence entre un danger et un risque. Et qui plus est, un risque calculé. Charles commence depuis quelques semaines seulement à découvrir la joie de grimper dans les arbres, depuis que je lui ai fait remarqué, lors de notre première sortie du Club Nature, que plusieurs arbres avaient des branches assez basses pour qu'il puisse y grimper.

Depuis - comme si je lui avais donné la «permission» en passant cette remarque - il ne manque pas de repérer tous les arbres offrant une possibilité de grimper. Il est en apprentissage : regarder ou mettre ses pieds, ses mains, planifier ses mouvements, évaluer la solidité d'une branche, prendre confiance en ses capacités... Je ne suis jamais bien loin lorsqu'il grimpe, non pas parce qu'il se sent insécure, mais parce que je sais qu'il pourrait avoir besoin de conseils ou d'encouragements (pour descendre, surtout). Charles apprend à reconnaître les risques qu'il peut gérer et les dangers à éviter lorsqu'il grimpe dans un arbre. Ce qui lui permet, de fois en fois, d'être plus observateur, plus agile et plus confiant. En fait, des études démontrent que grimper dans les arbres amélioreraient les capacités cognitives des enfants (article en anglais sur le sujet). Quand je vois à quel point Charles est concentré lorsqu'il grimpe et la vitesse à laquelle il améliore ses «techniques», cela ne m'étonne pas.

Charles apprend, peu à peu, à gérer les risques que représentent l'ascension d'un arbre. Je ne l'aide jamais, sauf un peu pour redescendre. En effet, ma vision des choses est que si mon enfant n'est pas capable de grimper dans un arbre sans l'aide de quelqu'un, c'est qu'il n'est pas «prêt» à grimper dans cet arbre. Il est un cran trop difficile pour lui, simplement.

Qu'est-ce que ça fait à un enfant qui, débordant d'enthousiasme et de confiance, se fait avertir par ses parents de «ne pas grimper là», ou de «ne pas aller plus haut». C'est comme si, en quelque sorte, on disait à l'enfant : «Ne fait pas confiance en ton instinct. Tu ne connais pas tes capacités mais moi je les connais.». Un enfant motivé et confiant qui se fait rabroué de cette façon en vient à penser qu'il n'est pas capable d'évaluer lui-même les risques dans son environnement. Ce qui l'amène toujours à chercher l'approbation de ses parents pour se conforter dans ses propres capacités, au lieu de développer SA connaissance de ses capacités. Un enfant qui connait bien ses capacités, sait repérer les dangers et qui comprend les risques présents dans son environnement est en fait moins susceptible de se blesser selon moi!

Il va sans dire que les enfants, surtout les plus petits (1-5 ans), ne perçoivent pas toujours les dangers, bien réels, auxquels ils pourraient faire face. Mais, justement, c'est quelque chose qui s'apprend, et grimper dans un arbre n'est qu'une occasion de plus pour l'enfant d'apprendre à reconnaître et à gérer les risques et les dangers de son environnemen et la façon d'y «faire face», avec l'aide d'un adulte.

Enfin, ne grimpiez-vous pas, vous, dans les arbres, lorsque vous étiez enfant ? N'est-ce pas là une activité emblématique et marquante de l'enfance ? N'est-ce pas là une belle occasion pour les enfants de se dépasser, de prendre confiance en eux, d'apprendre à contrôler leurs corps, à planifier leurs gestes, à s'amuser, simplement ? Le sentiment de joie et de fierté ne nous vient-il pas, à nous aussi, lorsqu'on parvient à réussir quelque chose de difficile, voire d'un peu risqué ? N'enlevons pas à nos enfants le droit de décider de leurs jeux, de prendre des risques, d'apprendre à se faire confiance, d'explorer leur environnement, de découvrir leur nature «sauvage» !

Quelques articles sur le sujet :

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